L’évolution du tarif réglementé de l’électricité
Le Tarif Réglementé de Vente (TRV) correspond à un prix de l’électricité déterminé par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE). Il est révisé deux fois par an pour refléter les coûts de production, de transport et de distribution de l’électricité. Ce tarif est proposé uniquement par EDF, en sa qualité de fournisseur historique d’électricité. Nous vous aidons à comprendre son évolution, souvent à la hausse.
Le tarif réglementé
Le tarif réglementé de l'électricité en France, souvent appelé Tarif Bleu, correspond à un mécanisme de fixation des prix de l'électricité destiné.
Il est défini et contrôlé par les pouvoirs publics, plus précisément par la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE), en collaboration avec le gouvernement. Historiquement, ces tarifs ont été instaurés pour garantir un accès équitable et à un coût raisonnable à l'électricité, indépendamment des fluctuations du marché. Le Tarif Bleu est officiellement proposé par le fournisseur historique EDF, mais les fournisseurs alternatifs ont la possibilité de proposer des offres indexées sur ce tarif.
Ce système vise à protéger les consommateurs contre les évolutions trop brutales des prix de l'énergie, tout en assurant la transparence et la prévisibilité des factures d'électricité. Or, ce tarif a tendance a évolué à la hausse.
Comment est-il calculé ?
La méthode de calcul du tarif réglementé, connue sous le nom de méthode « par empilement », prend en considération plusieurs composantes :
- La production d'électricité : inclut l'accès à l'électricité nucléaire historique via l'ARENH (70 %) et le prix au marché de gros de l'électricité (30 %).
- L'acheminement de l'électricité à travers les réseaux de transport (RTE) et de distribution (ENEDIS), également appelé TURPE.
- Le complément à la fourniture d'électricité pour répondre aux pics de consommation des Français.
- La rémunération de la commercialisation de l'électricité par EDF, incluant une marge jugée "raisonnable".
Premières constatations quant à l'évolution des tarifs réglementés de vente
Des tarifs à la hausse
Le tarif réglementé de l'électricité évolue généralement à la hausse. Le prix du kilowattheure a notamment augmenté en raison de la libéralisation du marché, passant ainsi de 0.1061 € en 2007 à 0,2016 € € TTC aujourd'hui.
La pandémie de Covid-19 a marqué un tournant dans l'évolution du TRV : depuis cette crise, il n'a cessé d'augmenter. En 2023, à cause de la guerre en Ukraine, il a encore grimpé avec trois hausses notables : +15 % en février 2023, +10 % en août 2023, et +9 % en février 2024. Une augmentation totale de 44 % depuis janvier 2023.
L'utilité des différents tarifs réglementés de vente a été remise en cause. Les tarifs réglementés pros de l'électricité et du gaz ont disparu, respectivement au 1er janvier 2021 et au 1er décembre 2020. Le tarif réglementé du gaz pour les clients résidentiels a été abandonné le 1er juillet 2023.
Les conséquences de l'ouverture du marché
Face à ces nombreuses réactions résultant de l'ouverture du marché de l'énergie à la concurrence, les instances en charge à l'échelle nationale et européenne ont imposé la fin des tarifs réglementés de l'électricité et du gaz. Cette décision a été prise par souci d'honnêteté commerciale et législative mais également pour le respect des principes concurrentiels courants face à la multiplication des fournisseurs d'énergie sur le marché.
Le prix du kWh français est l'un des moins élevé d'Europe mais une comparaison rapide entre les différentes sources d'énergie révèle une différence exorbitante entre le coût de l'électricité et celui des autres sources d'énergies disponibles.
Selon les sources en charge du calcul des évolutions tarifaires, la hausse de l’électricité facturée aux consommateurs particuliers et aux PME est indéniable. Le prix du MWh du Tarif Bleu d'EDF a augmenté de 46% ces trente dernières années. Les nombreuses crises économiques et les aléas du marché ont imposé une progression généralisée qui a affecté le prix des différentes énergies.
Les différents tarifs réglementés pros pour l'électricité ont progressivement disparu pour inciter les entreprises à souscrire des offres de marché auprès des fournisseurs historiques ou des fournisseurs alternatifs.
- Le Tarif Bleu a disparu au 1er janvier 2021
- Le Tarif Jaune a disparu au 1er janvier 2016
- Le Tarif Vert a disparu au 1er janvier 2016
Horizon 2025
Deux jours après les élections européennes et suite à l'annonce d'une augmentation de 11,7 % du prix du gaz, Bruno Le Maire a promis que la facture d'électricité des Français diminuerait de 10 à 15 % à partir du 1er février 2025. En effet, les tarifs réglementés de l'électricité évoluent généralement en février et en août.
La question est de savoir si une baisse des prix de l'électricité est réellement envisageable en 2025. Si l'on se base uniquement sur les évolutions des prix du marché de gros, la réponse est oui. Le calcul du tarif réglementé est basé sur les prix de marché des deux années précédentes.
Ainsi, il ne tiendra plus compte des prix records de l'électricité observés de juin à décembre 2022 (300€/MWh contre une moyenne actuelle de 50€/MWh). La stabilité du marché de gros de l'électricité depuis plusieurs mois rend possible cette baisse des prix en février 2025, comme promis par Bruno Le Maire. Cependant, il faut noter que :
- Une hausse du TURPE est prévue au 1er août 2024, ce qui augmentera le prix de l'électricité (même si cette hausse devrait être inférieure à 2 %).
- Une augmentation de l'accise sur l'électricité est prévue au 1er février 2025. Cette accise, abaissée pour limiter les augmentations des prix pendant la crise, doit revenir à son taux normal de 32€/MWh l'année prochaine, ce qui devrait augmenter le prix de l'électricité d'environ 5 %.
Pour atteindre une baisse des factures de 10 à 15 %, la réduction sur la part fourniture devra donc être significative.
Horizon 2030
L'évolution prévue
Alors que le France faisait partie des pays de l'UE dans lesquels l'électricité est la moins chère, la situation pourrait bien changer dans les prochaines années.
De nombreux acteurs du secteur de l'énergie ont mené des recherches pour anticiper l'évolution des prix de l'électricité dans les années à venir. La CRE, Statista, l'Union Française de l’Électricité, la Cour des Comptes, entre autres, convergent tous vers une conclusion : les prix de l'électricité devraient augmenter.
La Commission d'enquête du Sénat sur le coût réel de l'électricité souligne que la hausse cumulée de la facture d'électricité a déjà atteint 100 %, visant à aligner les prix français sur ceux des autres pays européens, avant même 2030.
L’Union Française de l’Électricité (UFE), dans une étude datant de 2012, prévoit pour sa part une augmentation de 50 % du prix du kWh d’ici 2030. Malgré des variations dans les prévisions selon les sources, la tendance globale pour les prix de l'électricité est clairement à la hausse.
Les causes
L'augmentation prévue du prix de l'électricité dans les années à venir peut être expliquée par plusieurs facteurs. Une partie significative de la hausse du TRV est liée à l'évolution de la filière nucléaire, où le coût, sans doute plus élevé que prévu, nécessite une réévaluation. De plus, les investissements requis pour prolonger la durée de vie des centrales nucléaires et pour développer les énergies renouvelables auront inévitablement un impact sur la facture d'électricité.
La croissance démographique joue également un rôle dans cette augmentation des prix. Bien que les appareils électriques optimisent de nos jours la consommation d'électricité, l'augmentation du nombre de consommateurs et l'essor des véhicules électriques accroîtront inévitablement la demande en énergie.
La fin de l'Arenh
L'abandon de l'Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique) pour la fin 2025 marque un tournant majeur dans l'évolution du TRV. Ce dispositif permettait aux fournisseurs alternatifs d'acheter une partie de l'électricité nucléaire d'EDF à un prix de 42 € par MWh. Sa suppression s'accompagne d'un nouveau cadre réglementaire, fixant le prix de l'électricité produite par le nucléaire à une moyenne de 70 € par MWh sur 15 ans, suite à des négociations entre l'État, EDF et les gros consommateurs, annoncées en novembre 2023. En résumé, le prix de revente de l'électricité nucléaire augmenterait de 42 € à 70 € par mégawattheure.
Cette évolution pourrait entraîner une hausse des prix de l'électricité pour les ménages français ainsi que pour les entreprises et les industriels. Toutefois, selon le ministre de l'Industrie Roland Lescure, cette nouvelle tarification devrait rendre les prix "moins volatils qu'auparavant". De plus, cette augmentation est soumise à un strict encadrement : en période de crise, l'État prévoit de prélever 50 % des revenus perçus par EDF sur le marché au-delà de 78-80 MWh, et 90 % au-delà de 110 € / MWh.
entre la compétitivité de notre industrie, la visibilité, la stabilité pour les ménages et le développement d'EDF."
Ces mesures pourraient donc se répercuter sur le TRV et sur les prix de détail de l'électricité.
L'évolution du prix de l’électricité en France depuis 2000
Situation initiale
Depuis le début des années 2000, le prix de l'électricité n'a cessé d'augmenter et la fin des tarifs réglementés ne devrait pas changer la donne.
Le tarif réglementé d'électricité commercialisé par EDF a surtout connu une forte augmentation entre 2008 et 2017 qui a surtout affecté les consommateurs ayant une puissance supérieure à 6 kVA.
Le prix de l'électricité est calculé selon plusieurs critères qui peuvent varier plusieurs fois dans l'année.
- Les coûts de production
- Les coûts d'acheminement
- Les coûts de stockage
- Les coûts de commercialisation
- Les taxes associées à l'entretien du système
La Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) conseille régulièrement une augmentation du prix de l'électricité afin de couvrir les investissements nécessaires. Néanmoins, le gouvernement doit valider les propositions de la Commission afin de les entériner.
Par le passé, les pouvoirs publics ont souvent résisté aux suggestions de la Commission de Régulation de l'Énergie sur l'augmentation des prix de l'électricité.
Jusqu'en 2016, les tarifs réglementés étaient fixés par le ministre en charge après la consultation de la Commission de Régulation de l'Énergie. Depuis, les rôles se sont inversés et les propositions tarifaires de la Commission de Régulation de l'Énergie sont acquises, excepté en cas d'opposition d'un des ministres en charge.
Situation en 2024
L'évolution du tarif réglementé en 2024 était encore impactée par la crise ukrainienne. On observe une tendance à la hausse sur cette année.
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La hausse de février 2024
Deux éléments peuvent expliquer l'importante hausse des prix de février 2024 :
D'abord, l'augmentation de l'accise sur l'électricité. À partir du 1er février 2024, l'accise sur l'électricité a augmenté de 1 € à 21 €/MWh HT. Ce tarif avait été réduit pour aider les consommateurs à faire face à la hausse des prix de l'électricité pendant la crise ukrainienne. Il est important de noter que le niveau normal de cette accise pour les particuliers est de 32,44 €/MWh.
La disparition progressive du bouclier tarifaire peut également expliquer cette hausse. Ce dernier a protégé les consommateurs français contre la flambée des prix de l'électricité. Depuis 2021, ce dispositif gouvernemental a limité l'augmentation du prix du kWh à +4 %, puis à +15 %. Cependant, cette aide constitue une dépense importante pour l'État, qui prévoit de la supprimer progressivement d'ici 2025.
L'évolution en 2023
Au 1er février 2023, le prix de l'électricité a connu sa première augmentation majeure, qui a néanmoins été limitée à +15 % grâce au bouclier tarifaire. Sans cette protection, l'augmentation aurait atteint +99,22 %, impactant lourdement les consommateurs. Les factures des foyers français ont concrètement augmenté d'environ 20 € par mois.
Le 1er août 2023, le prix de l'électricité a augmenté de 10 %. Ce phénomène s'est traduit par une hausse moyenne de 160 € par an, soit environ 15 € par mois. Cette augmentation concerne aussi bien les consommateurs particuliers que les petites entreprises avec des consommations de moins de 36 kVA.
Chaque année, la CRE propose des ajustements du TRVE, mais le gouvernement peut les bloquer dans le cadre du gel des tarifs si les augmentations dépassent 15 %.
Sans la présence du bouclier tarifaire, les tarifs auraient augmenté de près de 100 % en 2023. Plus précisément, cela aurait représenté une hausse de 99,4 % TTC pour les tarifs bleus résidentiels (soit 175,4 €/MWh HT de plus qu'auparavant) et une augmentation de 97,9 % pour les tarifs bleus professionnels (soit 177,5 €/MWh HT de plus).
Répartition des options tarifaires du tarif bleu
Le tarif bleu peut se répartir en plusieurs options distinctes : option base, options heures creuses, tarif tempo et EJP. Le graphique suivant illustre la distribution des différentes options du tarif bleu parmi les clients EDF :
Marché de gros et marché de détail
Les prix de détail, et donc le tarif réglementé de l'électricité, sont influencés par les prix pratiqués sur les marchés de gros, appelés marchés spot et marchés à terme. Les prix du marché spot sont notamment utiles pour monter l'impact des différentes crises.
Définition
Le marché de gros se distingue du marché de détail. Les marchés de gros concernent les prix de l'électricité à court ou à long terme en bourse, mais ces prix ne sont pas immédiatement répercutés sur ceux payés par les consommateurs. En réalité, l'électricité vendue par les fournisseurs aujourd'hui a été achetée plusieurs mois, voire années, auparavant. Ainsi, les prix appliqués actuellement reflètent ceux en vigueur au moment de l'achat, lorsque les prix étaient encore élevés.
Marché spot
Le graphique suivant illustre l'évolution des prix du marché spot d'aout 2022 à aujourd'hui :
Le tarif réglementé de l'électricité a été impacté par la hausse des prix brutale pendant la crise ukrainienne de 2022, provoquant une flambée des pris de l'électricité tout au long de l'année mais aussi en 2023.
Marché à terme
Le marché à terme appartient au marché de gros de l’électricité. Il s’agit d’un marché financier où producteurs et fournisseurs peuvent acheter et vendre de l’électricité pour une date ultérieure. Ces contrats fixent le prix de l’électricité pour une période future spécifiée, généralement sur une base mensuelle ou annuelle.
La crise géopolitique ukrainienne a eu des répercussions majeures sur les marchés de gros de l’électricité, provoquant une flambée des prix sur les marchés à terme. Cette flambée a eu des répercussions sur le TRV, et peut expliquer les hausses encore subies en 2024.
Le graphique suivant illustre la flambée des prix sur le marché des quarter, ou de l'électricité achetée pour dans trois mois :
Bien que les TRV soient régulés, les augmentations des prix de gros ont conduit à des ajustements à la hausse des tarifs pour les consommateurs français.
Mis à jour le 9 Avr, 2025
Responsable Data
Michel Babany est le responsable Data chez papernest depuis 2021. Expert en énergie, il est chargé de l'analyse des données pour toutes les équipes commerciales. En parallèle, Michel écrit des articles sur le secteur de l'énergie en partageant son expertise et ses analyses sur les tendances et les enjeux du marché.
Michel Babany est le responsable Data chez papernest depuis 2021. Expert en énergie, il est chargé de l'analyse des données pour toutes les équipes commerciales. En parallèle, Michel écrit des articles sur le secteur de l'énergie en partageant son expertise et ses analyses sur les tendances et les enjeux du marché.
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